Tout commence avec un accent... Je suis à Paris avec mon père, dans un des ces restos gaulois sur l'île St-Louis. Je me sens comme Astérix en compagnie d' Obélix, on mange, on boit on se sert à même le tonneau, on coupe nos charcuteries avec de gros couteaux Opinel, c'est rustique et on aime ça, on retrouve un peu de Québécois dans cette façon de faire. On rit, on se moque des Français coincés qui se demandent ce qu'ils font là à manger avec leurs mains. On a le droit de se moquer des Français chez nous, si mon père commence...étant français lui même, il a une avance. La soirée est agréable et nous relatons notre semaine à Paris. Nous étions là pour les funérailles de mon grand-père, ou nous ne pouvons assisté, car la bureaucratie française est si lourde que le corps de mon grand-père sera exposé que le 12 septembre et nous, nous partons demain le 11 septembre.
Durant la soirée, l'homme me demande si je vais bien avec le regard profond que seul un arabe ose faire! (Il a raison, je suis en plein questionnement sur ma vie amoureuse et professionnelle) Sans que je puisse répondre, il me dit que tout ira bien, de croire en moi et que nous allons probablement aller aux funérailles de mon grand-père?
Il prend ma main et y place dans ma paume, un petit objet, un coquillage qu'il a ramassé sur une plage de Tunisie la veille. Il me dit que c'était pour lui sa façon de se rattacher à son pays et qu'il me l'offre pour me protéger, car je suis une bonne personne. Ce coquillage est toujours dans mon porte-feuille depuis 10 ans...
Journée du 11 septembre par Papa (Jean-Pierre Curie)
Il faisait très chaud, une lourdeur moite, l’activité de la rue cessait, la rue se vidait peu à peu. Nous sommes entrés dans ce bar café et nous avons pris une consommation; Manon un porto moi une bière. Quelques heures passent, Paris est presque vide, plus de transport en commun. Nous décidons donc de rentrer à pied à l’hôtel que nous avions rue Straud dans le 13e arrondissement, du quartier chinois. Nous avons traversé le Quartier Latin jusqu'à côté la rue mythique’’ de La Mouffetard ‘’ou nous avons fait des provisions, pain, fromages, charcuterie et quelques très bons vins. Nous avons ensuite remonté l’avenue des Gobelins jusqu'à la place d’Italie et ainsi de suite jusqu’à l’hôtel. Une sensation de solitude, d’abandon me parcourait les sens. Nous avons passé la soirée à regarder la TV en mangeant nos provisions. Durant la soirée, j’ai boucané Manon, notre petite chambre ressemblait plus à un fumoir, avec en plus, ce quelque chose de surréalisme que laissait la fumée, une ambiance irréelle presque appropriée au moment….. Le lendemain, la réalité nous a rejoints…….. jpc
Journée du 11 septembre par Manon
J'ai eu tellement peur de ne plus retourner chez moi auprès de Sylvain et des enfants.
Le 12 septembre, par Manon
Nous sommes allés aux funérailles de Papi...tout au long de la cérémonie, je tapotais mon coquillage. Ça me semble irréaliste, encore aujourd'hui et pourtant.
Le 13 et 14 septembre, par Manon
Nous attendons l'heure, le jour de notre départ...on va l'aéroport, on nous retourne, on fait l'aller-retour pendant 2 jours c'est épuisant. Notre consolation est d'être dans l'appartement de mes grands-parent rue Cantagrel 13e arr., sur fond de CNN, nous regardons des albums photos de la jeunesse parisienne à mon père.
Le Québec a réussi à nous rapatrier le 15 sept.
Depuis ce jour, j'ai compris que plus rien ne sera pareil, nous serons toujours à la merci de la folie terroriste ou passagère. Difficile à accepter pour qui aime bien contrôler.
Septembre était mon mois préféré pour la rentrée, les couleurs, les récoltes, le retour au cocooning,
Depuis dix ans, j'ai cette sensation de perte de contrôle qui m’angoisse.
Et pourtant, je suis en vie, en santé auprès de Sylvain et de mes enfants.
Manon
PS je suis devenue superstitieuse, mon coquillage doit me suivre partout, surtout en avion»!
2 commentaires:
Bonjour Manon,
Merci pour ce partage.
Encore une fois, nous avons la preuve qu'il existe de belles synchronicités.
Bonne journée!
Amicalement
Micheline
Salut Manon,
Wow quelle histoire!
Malgré nos fréquentes rencontres des 10 dernières années, je n'ai que de vagues souvenir de ses moments angoissant que tu as pu vivre...
La supertition, les coincidences et les croyances religieuses sont souvent une façon de se sécuriser...de bien continuer à vivre paisiblement!!
A bientôt
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